& les Chroniques
Express
Sébastien Guérive
"Omega Point"

"Omega Point"
DATES | Sorti le 19 mars 2021 | Publié le lundi 12 avril 2021
ET ALORS | À la fois musicien et sound designer, Sébastien Guérive fait partie de cette famille de compositeurs à laquelle appartiennent également Ben Lukas Boysen, Ben Frost ou encore Franck Vigroux, et dont le travail sur le son est essentiel, sinon primordial, pour transmettre des sensations à l’auditeur, reléguant parfois la mélodie au second plan. "Omega Point", le nouvel album du Nantais, est de par son apparente simplicité mélodique et sa complexité sonore, une machine à faire cristalliser des émotions pures, comme s’il appartenait à chacun d’imaginer les scènes d’un film muet à partir de ses compositions électroniques. Grâce à une palette généreuse de sons juxtaposés et de mélodies discrètes à la musicalité fraiche, presque candide, les titres s’enchaînent, chacun suggérant une émotion particulière, comme si nous étions immergés dans une succession des scènes où s'inviteraient tour à tour l’angoisse, la surprise, la déception, la colère, l’audace ou encore la mélancolie, voire le regret. Egalement metteur en son pour des créations au théâtre, ce magicien maîtrise sans conteste le pouvoir suggestif des vibrations et des textures. Une très belle réussite, émouvante et délicate.
CONNEXE | Instrumental | Electronica | Néo-classique | Ben Lukas Boysen | Ben Frost | Franck Vigroux

Helicon
"This Can Only Lead To Chaos"

"This Can Only Lead To Chaos"
DATES | Sorti le 24 janvier 2020 | Publié le mardi 5 mai 2020
ET ALORS | "This Can Only Lead To Chaos", le second album des cinq de Glasgow porte tellement bien son nom qu’il eut été impossible qu’ils lui en préfèrent un autre. Sauf que de ce chaos là naissent des compositions si maîtrisées et si éloquentes, qui vont du rock psychédélique à la ballade instrumentale pour sitar en passant par l’indie rock des 90s ou le post-rock, que les ignorer serait faire preuve d’un manque de discernement patent. Le talent de ces jeunes gens s’entend sur chacune des chansons du disque, et nous nous imaginons en très bonne compagnie, un peu comme si The Jesus & Mary Chain, Ride, Primal Scream et Slowdive avaient décidés de jouer tous ensemble, les uns apportant les reverbs, les autres leur chambres d’écho et leurs pédales d’effets fuzz calées sur leur maximum. "Pure Filth" vous happe dans son tourbillon de guitares et d’effets, "The Sun Also Rises" vous rattrape d’une main et vous lance de l’autre vers la noirceur de "Glasgow Uni Accent", et le rodéo se poursuit avant de conclure sur le court "Cosmic John" dont on relèvera la tête avec une idée fixe : y retourner à la première occasion.

Tides From Nebula
"From Voodoo to Zen"

"From Voodoo to Zen"
DATES | Sorti le 20 septembre 2019 | Publié le lundi 30 mars 2020
ET ALORS | Le rock instrumental des trois jeunes gens de Tides From Nebula a de quoi nous étonner et nous passionner : un jeu de guitare rageur, une section rythmique qui exécute des tonnes de motifs et des synthès aériens. La formule est diablement maitrisée et si elle était poussée au maximum, elle pourrait faire office de trait d’union entre le "WarMech" de Front Line Assembly et le "Myra" de Spurv. Ces musiciens originaires de Warsaw en Pologne jouent aujourd’hui dans la cour des grands en accordant une attention équivalente à leurs machines et leurs guitares, inventant une communication parmi deux mondes que l’on avait considérés jusqu’ici aussi hermétiques que peuvent l’être deux planètes d’un même système solaire, en permettant des échanges que l’on pensait impossibles voire contre-nature. "From Voodoo to Zen", leur cinquième album en dix ans revêt des allures de superproduction dans laquelle les machines et les guitares font match nul, et c’est bien là que réside la force de leurs compositions qui nous apparaissent alors comme une rafraichissante sortie de chemin sur l’autoroute souvent trop bien balisée du post-rock. Une sacrée réussite !

Say Hi
"Diamonds & Donuts"

"Diamonds & Donuts"
DATES | Sorti le 7 février 2020 | Publié le lundi 24 février 2020
ET ALORS | Eric Elbogen, alias Say Hi est un américain sympathique et plein d'humour, qui fait tout tout seul, synthés (beaucoup), guitare (un peu) et chant (forcément), mais aussi packaging et vidéos. L'homme est discret, mais ça fait pourtant bientôt vingt ans qu'il roule sa bosse : il vient juste de sortir son onzième album, rien que ça ! Reste que toute la sympathie du monde ne lui a pas permis de ne sortir que des chefs d'oeuvres. "Bleeders Digest", en 2015, en était un, enfin disons un chouette disque que l’on adorait écouter pour ses pop-songs à la douce mélancolie, souvent dansantes, un peu frappadingues, et surtout fort plaisantes. L'album suivant était un peu plus décevant, trop mollasson. On était alors un peu dans l'expectative avec ce nouveau "Diamonds & Donuts" annoncé. Celui-ci est plutôt une bonne surprise, avec quelques excellents morceaux (vraiment !), hélas parfois un peu gâchés par des titres moins remuants et un peu plombants. Reste un bon disque, comme d'habitude, que l'on ne rechignera jamais à écouter et qui mérite que l'on s'y attarde.

Night Sins
"Portrait in Silver"

"Portrait in Silver"
DATES | Sorti le 6 septembre 2019 | Publié le mardi 28 janvier 2020
POURQUOI | Pochette
ET ALORS | J’avoue que je n’avais pas adhéré à la frénésie qu’il y a pu avoir autour de la sortie du premier album de Night Sins en 2012. Trop de guitares, de reverb sur la voix, trop goth, trop maniéré, Rosetta Stone et Love Like Blood n’avaient jamais fait partie de mes références, et ce n’est pas ce projet de l’américain qui allait me faire changer d’avis. Sept ans et trois albums plus tard, c’est un peu par hasard que la reprise de contact se fait. Et cette fois-ci, on découvre une sorte de Depeche Mode… sale, mais pas sale comme le “Pretty Hate Machine” de Nine Inch Nails, ici le ton est juste gênant, pas de très bon goût, comme si un détraqué était entré subrepticement dans le studio de Dave Gahan et Martin Gore. Mais ça fonctionne ! “Lonely in the Mirror” qui ouvre l’album vous fera tapoter du pied, et “For People Like Us” certainement frétiller. Plus loin, “Daisy Chain” frôle l’incongruité absolue tant il rappelle "Strangelove"… Par moment le ton se durcit, se rapprochant sur quelques sonorités pas anodines du sus-cité Nine Inch Nails… Et si l’on est parfois sans pitié avec des artistes pourtant plus discrets quant à leurs influences, on doit avouer que cette curiosité tourne en boucle sur nos platines depuis sa sortie, et l’on n’est pas certain qu’elle le mérite.

Anatoly Grindberg & Mark Spybey
"123 m"

"123 m"
[Ant-Zen]
par Bertrand Hamonou
DATES | Sorti le 27 mai 2019 | Publié le vendredi 13 décembre 2019
ET ALORS | "123 m" (pour 123 mètres) est le disque d’une rencontre : celle du Russe Anatoly Grindberg (Tokee) et de l’Anglais Mark Spybey (Dead Voices On Air) le temps d’un voyage aux confins de la dark ambient, à la lisière de l’expérimental, de l’industriel et de la bande originale de film. Mélange subtil de field recording et de sons triturés pas toujours identifiés, l’ensemble se tient parfaitement et demande une attention toute particulière de la part de l’auditeur s’il veut s’immerger dans un monde fait de cris et de chuchotements, de rayons de lumière pâle et d’errances dans des terrains vagues. Ne venez pas y chercher des ritournelles à fredonner, ici c’est tout un univers parallèle qui vous est offert, parfois terrifiant et souvent très beau, comme la réalisation sonore d’un roman de Clive Barker. D’ailleurs il pourrait s’agir d'être plongé dans l’"Imajica" avec ses métamorphoses constantes et ses multiples allers et retours d’un monde à l’autre, que l’on s'y croirait pour de bon.

Anna Öberg
"Vafan Har Jag Gjort!"

"Vafan Har Jag Gjort!"
DATES | Sorti le 15 mars 2019 | Publié le mercredi 10 juillet 2019
ET ALORS | Expérimental, purement électronique et un peu barré, de surcroît chanté en suédois (hormis le titre "Ich Bin" dont on n'aura pas besoin de préciser la langue), le second album d'Anna Öberg est un ovni frais et absolument indispensable. Pas étonnant que l’on pense aux sons bruts des synthés du début des 80s, ceux d'OMD et de Depeche Mode, que l'on y navigue entre références et clins d'oeil ("Unveiling The Secret" de Psyche), puisque les titres ont été réalisées avec les machines de l’époque que l’artiste collectionne. Cependant très lyrique, cette collection de chansons d'experimental-pop enchaîne des refrains accrocheurs qui, parce que nous ne pouvons pas les comprendre, rajoutent une dimension mystérieuse à l'ensemble. "Vafan Har Jag Gjort!" est une merveille à ne manquer sous aucun prétexte qu'il faut absolument emporter en vacances cet été.

Rocket Mike
"London Gothic"

"London Gothic"
DATES | Sorti le 25 janvier 2019 | Publié le mercredi 24 avril 2019
ET ALORS | La patte de Tricky est unique. Son trip hop sombre et corrosif nous hante avec délice depuis maintenant plus de vingt ans, ses compositions à la fois mélodiques et écorchées, mêlant intelligemment électronique et soul, sublimées par sa voix rugueuse et son flow addictif, sont comme autant de caractéristiques qui nous happent dans son univers envoûtant. Si Rocket Mike n'est pas un side-project de Tricky les compositions de Mike Giffts, le garçon aux commandes de "London Gothic", en ont tous les atours. Après avoir collaboré à Tristesse Contemporaine et plus récemment à Camp Claude, le Britannique prend le risque avec ce trop court EP de pénétrer dans les terres de Tricky en y apportant tout de même une touche plus "cold wave", la sienne, celle de ses projets précédents, et se paye le luxe de réaliser un EP extrêmement addictif. En attendant le nouveau Tricky.
CONNEXE | Tricky

Thighpaulsandra
"Practical Electronics with Thighpaulsandra"

"Practical Electronics with Thighpaulsandra"
DATES | Sorti le 1er mars 2019 | Publié le mercredi 27 mars 2019
ET ALORS | Oreilles sensibles s'abstenir : Timothy Lewis, aka Thighpaulsandra, nous offre un huitième disque où la norme est l'absence même de repères. Ancien membre de Coil, l’Anglais nous livre les résultats non censurés de ses travaux et de ses expériences secrètes, présentés dans une pochette à l'humour typiquement britannique. Les changements inattendus au coeur même de ces quatre longs titres en perpétuelle mutation (entre neuf et treize minutes chacun) rappellent bien entendu les expérimentations sonores du Coil du début des années 2000. Une partie composée par Paul, une autre par Sandra, chaque morceau schizophrène se rapproche des récents albums solo d'Edward Ka-Spel, avec des clins d'œil aux banques de sons de Nitzer Ebb. Pour les plus courageux ainsi que pour les fans de Coil, la conférence sonore ici offerte vaut vraiment la peine d'être suivie.

Aleph
"Entropy"

"Entropy"
DATES | Sorti le 21 janvier 2019 | Publié le mardi 19 février 2019
ET ALORS | C’est un EP de six titres envoutés, comme possédés, que vient de publier le Berlinois Armando Alibrandi et son projet Aleph. Sa dark ambient précise et cadrée, qui flirte avec une électro calée sur une rythmique aux allures de métronome, nous entraine vers un chemin moins chaotique que veut bien l’annoncer le titre du disque. Ces compositions électroniques chargées de cordes habilement pincées et de nappes mélancoliques ont été confiées au savoir-faire de Philipp Münch (Synapscape, The Rorschach Garden, Cell Auto Mata) d’ordinaire habitué à plus abrasif, pour un mastering en douceur. Mention spéciale pour les deux versions du titre "Infinite Void" avec les belles vocalises de Dimitra Tripi très proches de celles de Lisa Gerrard, avant de laisser une seconde version de "Arrow of Time" revisitée par Ah Cama Sotz terminer le disque comme il avait commencé, avec un supplément d’angoisse.
CONNEXE | Dark Ambient

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